Je vais bien sûr vous parler du projet de loi mais je voudrais
d'abord réagir à un certain nombre de propos qui ont été
dit là. J'approuve certains d'entre eux mais je voudrais donner
un éclairage un peu différent. Je connais beaucoup de personnes
dans cette salle que je salue. Nous avons eu l'occasion de nous rencontrer
à plusieurs reprises et j'aimerais approfondir certains points et
de donner des repaires clairs sur ce problème compliqué qui
nous préoccupe.
Avant tout propos je voudrais que vous soyez convaincus que pour ce
gouvernement le problème des médecins à diplôme
étranger est un problème important auquel il s'est attelé
dès son arrivée. Plus précisément pour le secrétaire
d'Etat à la Santé il s'agit d'un problème qu'il souhaite
réellement faire avancer.
Je ne vais pas revenir sur le premier exposé historique. Mais
juste, quand même, quelques questions. A partir de quand les médecins
à diplôme étranger sont apparus dans ce pays comme
un problème ? On a évoqué la loi de 1972. Je
crois que c'est une bonne loi, elle a ouvert les perspectives et il ne
faut pas revenir sur la loi 72. On a évoqué à juste
titre qu'au début elle fonctionnait bien et cela allait même
au-delà de 50% de personnes qui avaient une autorisation d'exercice
; dans les premières années c'était 80%. C'est à
partir des années 85 que le problème est devenu compliqué.
Pourquoi ? Parce qu'effectivement les directives européennes
nous ont obligé à créer une filière unique
de formation de spécialistes et donc les CES ont été
supprimés. Les CES, vous le savez, formaient également les
médecins à diplôme étranger qui venaient faire
une spécialité en France de façon égale aux
médecins à diplôme français. On a donc à
ce moment là crée les DIS pour permettre à des médecins
hors communauté européenne de continuer à venir se
former dans une spécialité de base en France. Ces DIS ont
été faits dans le cadre d'une coopération internationale.
Il y a eu des accords inter état sur ces formations que la France
proposait dans les pays francophones pour les médecins qui ne pouvaient
plus s'inscrire dans les CES. Et on a donc les années 85 - 90 qui
sont les années "florissantes" par rapport aux DIS, qui n'est pas
régulé, et où beaucoup de médecins de pays
francophones viennent s'inscrire à ces DIS. Seuls deux pays n'ont
clairement pas reconnu le DIS - l'Algérie et le Sénégal.
Quand on regarde aujourd'hui la situation des médecins qui sont
dans la situation des médecins étrangers, on voit bien que
les pays qui arrivent en premier sont le Maroc, le Liban, la Syrie, en
partie la Roumanie, en tout cas pour avant 90, Madagascar et quelques pays
d'Afrique francophone - Guinée, Togo et Cameroun. Le reste est totalement
marginal. Ces pays là ne sont pas des pays de dictature, les médecins
y ont souvent un statut socialement reconnu, des facilités économiques
et des niveaux de vie qui sont corrects.
Donc, la première question que ce problème pose est la
question de relations internationales. Il faut savoir qu'un certain nombre
de gouvernements de ces pays là reprochent clairement au gouvernement
français d'avoir "kidnappé" des médecins dont ils
ont besoin dans leur pays. Nous ne pourrons pas régler ce problème
sans avoir cet aspect international en tête.
Après ça, je voudrais revenir sur l'analyse qui était
fait pour la France. En France deux types de problèmes sont posés.
Fondamentalement, et on pourrait dire philosophiquement, ça pose
la question de la reconnaissance d'un diplôme de médecin.
Et puis ça nous pose un deuxième problème, celui de
la démographie médicale.
Sur le premier sujet. Est-ce que le fait d'avoir fait des études
de médecine, d'avoir obtenu un diplôme dans un pays quelconque
nous autorise nous médecins, et je me situe dans la même perspective
que vous- je ne suis pas juriste, je suis également médecin
- nous permet d'exercer notre art de médecin dans tous les pays
du monde sans problème. Je rappelle simplement que si, en tant que
médecin, une personne souhaite exercer dans un pays comme Canada
ou les USA aujourd'hui, son diplôme n'y est pas reconnu. On lui demandera
de passer un examen d'équivalence, un examen difficile, on lui donnera
une autorisation transitoire d'exercice et dans certain cas et dans certains
états il obtiendra au bout d'un certain temps une "green card"
- carte de travail.
Je crois intéressant de constater que nous, médecins,
avons une position particulière à ce sujet et qu'au fond
nous devons estimer que parce que nous avons fait des études de
médecine et que nous avons une compétence, je dirais traditionnelle,
notre art de soigner a quelque chose d'universel, que nous pouvons l'exercer
partout. Et si on nous pose la question, nous avons l'impression d'être
mis en cause fondamentalement dans ce que nous sommes comme médecins.
Je ne sais pas si on peut adhérer à ça. Ca pose un
problème. Je remarque que dans pleins d'autres professions, avocat,
ingénieur, architecte,... on ne considère pas que le
diplôme qu'on a fait est un diplôme universel qui permet de
travailler partout et sans aucun contrôle.
Deuxième question, évoquée dans les interventions
précédentes, c'est la question de la démographie médicale
dans ce pays. Bien sûr, il y a eu une baisse du "numerus clausus",
il y a eu moins d'internes et à ceux qui étaient venus pour
se former et occuper normalement des postes de FFI, car ils étaient
en formation comme les Internes de spécialité, on a trouvé
tout naturel de leur proposer de rester et ils en étaient heureux.
C'est peut-être une chance pour notre pays mais, quand on prend un
peu de recul, on a 180 000 médecins aujourd'hui. Nous continuons
d'avoir une démographie qui augmente. Nous arriverons pratiquement
à 200 000 médecins avant de voir cette courbe de démographie
diminuer. Nous nous situons dans la moyenne supérieure des pays
européens. Certes, l'Italie a un nombre de médecins bien
supérieur mais l'Angleterre a deux fois moins de médecins
que nous. Donc, nous ne pouvons pas faire impasse sur la démographie
médicale, d'autant plus que derrière la question de démographie
médicale, dans un pays qui laisse la liberté d'installation
- et c'est un choix - derrière cette question se pose effectivement
la question des dépenses de santé. L'ensemble de gouvernements
précédents n'a pas choisi de réguler autrement que
par le moyen du "numerus clausus" la question de nombre de médecins,
et donc du nombre d'actes médicaux et du coût que ça
représente. Des pays voisins ont fait des choix totalement différents.
Je pense à l'Allemagne en particulier. L'Allemagne forme un certain
nombre de médecins mais le fait d'avoir le diplôme de médecin
n'y signifie absolument pas une autoriation d'exercice en tout cas en secteur
libéral qui est régulé par un quota à l'installation.
La France n'a pas fait ce choix et donc le problème de la démographie
est un problème qui peut partir vite dans le domaine de l'irrationnel
car il sous-entend les enjeux très forts sur le plan de l'économie
et de la santé.
Alors évidemment, 180 000 médecins la question est toujours
la même, y a-t-il pénurie de médecins ou non. Non,
c'est clair. Il y a beaucoup plus de médecins aujourd'hui qu'il
y en avait il y a trente ans. Mais, il y a effectivement pénurie
de certains types de médecins dans certains types d'hôpitaux
dans certaines régions de France. Donc, aucun gouvernement responsable
ne peut penser qu'il ne doit pas s'atteler à une tache prioritaire
de résoudre le problème de la pénurie de certains
médecins hospitaliers avec une démographie à 180 000
ou 200 000 médecins. Nous ne manquons pas de médecins ; il
s'agit de savoir comment nous voulons les repartir. J'espère que
ce gouvernement pourra annoncer les mesures qui montrent que réellement
nous comptons inverser la tendance et à la fois dans deux domaines
: des mesures d'attractivité de l'hôpital qui sont absolument
fondamentales, et une recomposition du tissu hospitalier. Même si
j'adhère à beaucoup de choses qu'a dit M. FERREY, je ne peux
pas adhérer à un certain nombre de ses propos qui ferait
croire aujourd'hui qu'on ferme n'importe comment les hôpitaux en
France. Ce n'est pas vrai. Un processus a été instauré,
processus du dialogue qui a été fait pour que dans les régions,
sous la tutelle des ARH, un certain nombre de réflexion soit mis
en place et qu'on se pose la question qu'on a refusée d'aborder
pendant un certain nombre d'années, de savoir si telle ou telle
activité d'un hôpital est justifiée ou pas. Et je vais
répondre tout de suite sur le problème de Pithiviers, car
ce qui a été dit est faux. Le service de chirurgie de Pithiviers
est aujourd'hui fermé. Et personne, un an après sa fermeture,
ne penserait une minute à le rouvrir. Les gens qui ont protesté
contre la fermeture, aujourd'hui sont absolument ravis de la solution qui
a été trouvée, où les chirurgiens d'Etampes
vont à Pithiviers faire des consultations et opèrent à
Etampes, dans des conditions de sécurité sanitaire qui sont
bien supérieures à celles d'avant. Donc, je crois qu'il y
a des choses inexactes qu'on ne peut pas laisser dire. Il y a une réalité
de la recomposition du tissu hospitalier pour des raisons de sécurité
sanitaire qui sont réelles, c'est obligatoire et il faut le faire.
La France souhaite et elle continuera à accueillir des médecins
à diplôme étranger - je vais vous expliquer comment
- mais elle ne doit pas les faire venir pour maintenir les activités
des hôpitaux quand on estime en son âme et conscience qu'il
ne faut pas les maintenir. [Et ayons le courage de dire des non-dits :
beaucoup de médecins qui protègent les activités médicales
(parfois c'est justifié, parfois moins) sont des mêmes médecins
qui jamais n'enverraient leur femme et leur enfant dans les services dans
les quels ils travaillent certaines fois. Il faut avoir honnêteté
de dire un certain nombre de choses pour pouvoir justement réagir
de façon positive.]
Alors, vous m'avez demandé de présenter le projet de loi
et je vais le faire, naturellement. Ce projet s'articule sur deux points
importants.
Premièrement, rectifier les erreurs de passé pour faire
un futur qui soit correct, ouvert et juste. Et la première erreur
du passé qu'il nous faut rectifier absolument, c'est d'avoir crû
que nous pourrions proposer à des pays tiers, qui nous l'ont demandé
à une époque, de former des spécialistes en croyant
qu'ils allaient repartir dans ces pays là. Ceci est un échec
et il faut arrêter ce type de formation. C'est la décision
qui a été prise, dès l'an 2000 il n'y aura plus de
DIS. Par contre, je rebondis sur ce qui a dit Mr FERREY sur les échanges
scientifiques et sur ce qui a été dit sur les mathématiques.
Nous ne souhaitons pas du tout mettre la France en dehors du champ des
échanges scientifiques. Cela serait suicidaire, c'est vrai que ce
qui a été fait dans les textes de loi par le gouvernement
précédent il fallait le rectifier et nous avons complété
ce texte par le décret d'avril 1997 et la circulaire qui est sortie
en septembre dernier. Aujourd'hui nous avons les textes qui permettent
de favoriser la venue de scientifiques, de professeurs, des gens qui ont
fait des spécialités dans leur pays, qui ont une insertion
professionnelle et souhaitent venir chercher en France des formations complémentaires
très spécialisées, spécifiques, visant telle
ou telle technique chirurgicale, telle approche de telle pathologie. Ceci
peut ce faire par des formations courtes. Cela concerne à la fois
des juniors (formations complémentaires) et des seniors (professeurs
dans leur pays qui souhaitent enseigner dans le nôtre). Le dispositif
est en place depuis la fin septembre, il favorise l'aspect carte de séjour
et il est faisable en 1 mois de temps. Donc non au DIS et oui à
l'ouverture scientifique et aux échanges internationaux.
Deuxième erreur du passé : nous n'avons pas réalisé
dans quelle situation absurde nous avons mis un certain nombre d'entre
vous en vous laissant travailler dans les hôpitaux tout en vous demandant
aujourd'hui un contrôle de connaissances. Il faut instaurer un contrôle
"à priori" et un affichage clair de ce que le pays souhaite. C'est
ce que font les autres pays, Canada, les USA. Il est certain qu'il n'est
pas possible de dire aujourd'hui que nous avons besoin en France des cardiologues,
des dermatologues, des neurologues, par exemple, toutes spécialités
probablement totalement sur dimensionnées, sur excédentaires
pour au moins les vingt ans qui viennent. Il faut être clair sur
nos objectifs. Il y a des spécialités où nous avons
absolument aucun manque. Il faut le dire d'emblée pour que les gens
le sachent.
Deuxièmement il faut assumer, tous ensemble, ce passé
commun. Le positiver. Pour cela nous croyons fermement qu'il nous faut
intégrer
correctement et tout à fait normalement les médecins qui
ont décidé de choisir notre pays comme pays et qui ont été
reconnus compétents par leur pairs.
Alors, évidemment, j'arrive à la fameuse discussion qui
a occupé beaucoup de temps, à savoir comment est-ce qu'on
reconnaît une compétence. Je pense que ce débat dépasse
largement le domaine de la médecine : est-ce que le BAC est un examen
de compétence, est-ce que la première année de médecine
est un bon moyen pour reconnaître les compétences des futurs
médecins, est-ce que l'Internat, tel qu'i existe aujourd'hui, est
un vrai examen qui reconnaît une vrai compétence et quelle
compétence ? Ce qui me semble juste, ça été
dit, effectivement ce pays a une tradition d'examens, une tradition de
concours, en particulier pour la fonction publique et je ne peux pas adhérer
non plus aux propos de Mr FERREY faisant croire que le PAC serait un examen
qui ne concernerait pas la discipline pour la quelle on se présente
et qu'on ne tiendrait pas compte des titres et travaux.
Je crois que les deux examens qui sont aujourd'hui proposés
comme reconnaissance de compétences sont ce qu'ils sont. D'une part
le CSCT. Comme on l'a dit, ce n'est pas un examen spécifique pour
les médecins à diplôme étranger, c'est un examen
que passe tout étudiant français à la fin de son deuxième
cycle des études de médecine. C'est un examen généraliste.
Le deuxième examen est celui du PAC, examen calqué sur le
concours de PH type IV, avec la même procédure d'élection
du jury, avec la même procédure du choix des thèmes,
c'est à dire pas très pointus dans la discipline. Je rappelle
que c'est un examen par discipline, contrairement au CSCT. C'est un examen
qui demande une connaissance générale dans sa discipline
et qui tient compte, pour une part importante, 30% (on pourrait éventuellement
faire plus) au même titre que pour les PH type IV, des titres et
travaux et des services rendus. Alors, plutôt que de tout refaire
tout le temps, c'est vrai que nous avons choisi de garder ces deux examens.
L'examen du PAC et de CSCT, deux versions différentes d'un contrôle
de compétences mais qui nous paraissent nécessaires dans
la culture de notre pays, pour que le problème se règle correctement.
Quant à savoir si le simple fait d'avoir rendu services pendant
les années dans les hôpitaux devrait suffire à considérer
qu'on est compétent, je regrette de dire que si probablement pour
beaucoup de cas c'est sans doute vrai, il y a quand même un certain
nombre de cas où ça n'est pas vrai. Et je pense en particulier
à la situation des chirurgiens. D'ailleurs les deux contrôles
de compétence pour les chirurgiens au fond ne sont probablement
pas adaptés car il n'y a pas de contrôle de la vrai compétence
de chirurgien qui est la compétence en bloc opératoire. Un
certain nombre de chirurgiens ont pris les médecins à diplôme
étranger, et on peut le comprendre tout à fait, pour tout
simplement éviter d'être de garde 365 jours sur 365 ce qui
est totalement inhumain et ce qui est la réalité de certains
hôpitaux dont je pourrais vous citer le nom - en Champagne-Ardennes,
dans le Centre, en Bourgogne ou dans certaines régions de Pas-de-Calais.
Dans ces cas là on a accepté un certain nombre de médecins
dont on sait que la compétence n'est pas forcément celle
qu'on souhaiterait, parce qu'on ne peut plus accepter d'être de garde
tout le temps et on préfère que quelqu'un partage. Donc cette
réalité là est certes modeste mais je ne peux pas
la passer sous silence et de toute manière je crois que le meilleur
moyen de régler le problème est de maintenir deux examens
de compétence au choix : CSCT d'un côté et PAC de l'autre.
Ce que nous souhaitons faire, à partir de ces deux examens,
c'est qu'ils aboutissent à la même conclusion, ce qui n'est
pas le cas aujourd'hui. C'est à dire la plénitude d'exercice.
C'est le seul moyen logique pour faire en sorte qu'on ne garde pas les
médecins à diplôme étranger dans une filière
ghetto, dans une filière qui leur serait spécifique. Il faut
que une fois passées ces étapes là, quelle que soit
celle qu'ils ont choisie, CSCT ou PAC, ils aboutissent à la plénitude
d'exercice, qu'on mette, d'une certaine manière, les compteurs à
zéro et qu'alors ils soient à égalité par rapport
à un médecin à diplôme français et qui
veut se présenter à un certain nombre de postes hospitaliers.
Je voudrais également signaler pour le statut des PAC, qu'il
y a un décret qui est parti au Conseil d'Etat, et qui doit revaloriser
l'entrée dans la carrière PAC de manière à
ce qu'aucun médecin qui prenne un poste de PAC ne perd de l'argent
par rapport à son statut précédent, c'est peut être
pas suffisant mais c'est déjà quelque chose. Je rappelle
qu'il y a des poste de PAC dans les CHU. Il n'est pas possible pour un
médecin français qui a fini son Clinicat, qui a 35 - 36 ans,
il n'est pas possible d'avoir dans un CHU un poste de Assistant spécialiste.
Ce qui veut bien dire que aujourd'hui le médecin à diplôme
français, dans le contexte actuel des postes hospitaliers, ne pourra
pas rester dans l'hôpital où il souhaiterait rester, alors
que le médecin à diplôme étranger qui est venu
faire sa formation dans le CHU pourra lui avoir un poste de PAC dans le
même CHU. Je crois que si on n'a pas conscience de ça, on
ne comprend pas pourquoi un certain nombre de jeunes médecins sont
opposés à ce que nous progressions sur ce dossier et si nous
ne répondons pas d'une manière ou d'autre à cette
inquiétude qui est la leur, nous arriverons seulement à vous
opposer les uns contre les autres ce qui n'est pas notre but. Donc, nous
souhaitons que ces deux examens aboutissent à la plénitude
d'exercice.
Mais il faut d'emblée préciser que cette plénitude
d'exercice est une plénitude au sens de la loi de 1972 .....
[ fin de la bande sonore ] .... Ce qui nous a été imposé
par l'Europe a conduit l'état Français à reprendre
la prérogative de la notion de diplôme de médecin.
Vous savez que maintenant un médecin qui a un DES est inscrit automatiquement
à l'Ordre. Ce n'est pas l'Ordre qui décide de l'accepter
ou non. Il n'a pas le choix. C'est l'état français qui a
décidé qu'à partir du moment où on a son DES
on s'inscrit à l'Ordre dans sa discipline. Pour ce qui est de ce
qu'on appelle l'ancien régime, avant cette fameuse loi européenne
et cette loi de 82, pour l'instant la prérogative a été
laissée au Conseil de l'Ordre. Et donc c'est un vrai sujet sur lequel
nous nous sommes penchés dès notre arrivée, car on
a beaucoup parlé de Conseil de l'Ordre ici, on a beaucoup jugé
effectivement anormal que certains médecins ne puissent pas s'inscrire
au Conseil de l'Ordre. Nous pensons qu'il faut probablement aller jusqu'au
bout d'une certaine logique, qui est que la question de la reconnaissance
de la compétence ne doit pas être du domaine du Conseil de
l'Ordre, mais doit bien être une prérogative de l'état
français. Et pour cela (nous avons demandé au Conseil d'Etat
de faire un rapport qui sera rendu prochainement) nous envisageons dans
un deuxième temps de modifier la loi de manière à
ce qu'effectivement ça soit bien l'état français qui
décide pour tout un certain nombre des situations atypiques, dont
fait partie celle des médecins à diplôme étranger.
Je vais vous donner l'exemple de médecins généralistes
qui souhaitent faire de la psychiatrie et ont obtenu le concours de PH
en psychiatrie et ne sont pas inscrits à l'Ordre comme spécialistes
mais bien comme généralistes. Il y a donc un problème,
qui a été évoqué comme un problème de
discrimination des médecins à diplôme étranger,
alors que ça n'est vraiment pas ça le sujet. Il est exact
qu'à l'hôpital nous avons des médecins (à diplôme
français ou à diplôme étranger) qui exercent
les compétences sans que celles-ci soit reconnues, de façon
équivalente en ville. Alors, est-ce que cette situation est anormale
? Je pense qu'elle n'est pas strictement anormale. Elle mérite qu'on
y réfléchisse de façon très poussée.
Il est certain que l'hôpital a toujours été un lieu
de formation, a toujours été le lieu où les médecins
sont dans des statuts hétérogènes, à des niveaux
différents de leur cursus professionnel, et que ce n'est pas forcément
anormal d'avoir à l'hôpital des gens qui travaillent pour
se former.
Je voudrais relever quelque chose qui ne me parait pas juste sur le
plan du droit. Les statuts d'Attaché ne sont pas des statuts d'exercice
illégal de la médecine. Ce sont des statuts qui sont rattachés
à des textes, en particulier à un décret que j'ai
ici et que je laisserai à un certain nombre de vous qui me l'ont
demandé. Ces décrets qui sont inscrits dans le cadre de la
fonction publique, et le droit de la fonction publique n'est pas toujours
semblable au droit de travail, sont passés en Conseil d'Etat, ils
ont été jugés par les juristes de Conseil d'Etat comme
parfaitement réguliers et qu'il n'y a pas d'exercice illégal
de la médecine. Pas plus que quand on est Interne en formation ou
FFI ou médecin associé. On rentre dans un cas défini
dans notre droit, validé par les juristes de notre pays.
Pour terminer, je voulais répondre à un certain nombre
de questions. Si nous mettons la plénitude d'exercice pour le PAC
il pourra se présenter au concours PH (que, par ailleurs, nous réformons
mais ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui). Il passera le concours sur titres
et travaux, il y a des modalités particulières, il n'y aura
pas de limite d'âge et il est très simplifié dans sa
modalité par rapport à l'exercice antérieur qu'on
demandait. Le PAC n'est pas une situation satisfaisante sur le plan de
la rémunération certes, nous en sommes d'accord. Mais si
nous mettons le PAC au niveau de la rémunération des PH,
vous comprenez bien que c'est totalement illogique. On ne va pas avoir
d'un côté des PH avec une rémunération PH et
de l'autre les PAC qui ont la même rémunération que
les PH. A ce moment là, ils faut qu'ils soient PH, [réaction
de la salle] c'est plus simple il n'y aura pas deux statuts. Mais tous
ne veulent, peut-être, pas être PH et d'autre part pour être
PH, comme pour un Interne, Chef de clinique, etc.. on passe devant un jury
sur titres et travaux. Il y en aura beaucoup qui seront PH. Je le pense.
Mais ça ne peut pas être un passage automatique, ça
me parait tout à fait clair. Réellement la rémunération
des PAC ne peut pas être celle des PH, sinon ça n'a pas de
sens. Elle doit être une rémunération correcte et la
première chose qui était nécessaire de faire, c'était
que ceux qui rentrent dans ce statut ne perdent pas d'argent. Ceci n'est
pas fait aujourd'hui mais ça paraîtra au JO très prochainement.
Ce sujet est réglé.
Quid des exclus ? Le système, tel qu'il est proposé par
le gouvernement fait en sorte que jusqu'à 2001 chacun aura le droit
de choisir la modalité de son intégration, CSCT ou PAC. Sans
exclusivité. Ceux qui auraient échoué du côté
du PAC pourront se présenter au CSCT et vice versa, mais c'est plus
difficile car ils ne peuvent pas tous se présenter au PAC. Mais
là aussi, le gouvernement tente de présenter un projet de
loi qui supprime ce qui a été présenté ici
- les aberrations de l'accès au PAC, qui nécessitent d'être
au poste à la date précise. Donc il y aura des modalités
simplifiées d'accès au PAC mais à un moment donné
il faut s'arrêter. Après 2001 il faudra mettre en place un
autre système. J'espère qu'il y aura le moins possible d'exclus
de cette situation mais on ne peut pas garantir qu'il ne puisse pas y en
avoir. Encore une fois je vous renvoie la réflexion initiale, est-ce
que systématiquement parce que j'ai un diplôme de médecin,
je dois exercer comme médecin dans le pays que j'ai choisi.
Dernière chose, je pense à ceux qui s'imaginent, parce
qu'ils attendent depuis longtemps, qu'ils n'auront pas l'autorisation d'exercice
par le système du CSCT et de la loi de 72. Nous nous sommes engagés
de faire en sorte, et pas seulement pour les médecins à diplôme
étranger, que cet examen soit un diplôme national validant,
permettant de changer de filière, permettant p.ex. de se présenter
à un certain nombre de concours administratifs, permettant d'ouvrir
des possibilités également vers la Santé Publique.
Ca me parait très important car nous avons un gros déficit
dans la Santé Publique dans ce pays. Tout le monde le sait. Donc,
ouvrons des perspectives qui ne sont pas celles de la médecine praticienne,
médecine prescriptive.
Voilà brossé très grossièrement l'ensemble
du dispositif qui nous parait légitime, en sachant parfaitement
qu'il ne résoudra pas toutes situations mais qui, j'espère,
ne mettra plus les médecins à diplôme étranger
dans les situations dans lesquelles on les a mis et qui vous ouvre, à
mon avis, une perspective d'intégration normale et positive dans
ce pays.