Réponse de Dr FERREY à l'intervention de Mme Veber :
A plusieurs reprises Mme Veber m'a fait l'honneur de me citer et parfois
en somme pour me dire que mes remarques étaient approximatives.
D'abord vous dites qu'il faut se nommer dans ses qualités. Je ne
suis pas professeur et je ne suis que chef de service, donc je m'occupe
des hôpitaux non-universitaires et je voudrais dire de ce point de
vue qu'il ne faut pas imaginer qu'il n'y a pas la catégorie de médecins
étrangers venant en France pour travailler, étudier et pour
ne pas retourner dans leur pays. Je rappelle, que dans mon service un bon
nombre de collaborateurs sont repartis travailler dans leur pays. Ce point
ne doit pas être passé sous silence. Je voudrais le dire pour
qu'on ne dise pas qu'il y a que des CHU dans lesquels il y a des gens qui
viennent apprendre. Parce que chaque fois on fait allusion à certaines
"techniques de pointe", mais il y a des techniques de "non-pointe" qui
sont très importantes justement dans les pays dont ils viennent.
Pour ces techniques de "non-pointe" il est important qu'ils puissent venir
les apprendre dans les hôpitaux généraux. Si on ne
reconnaît pas cette formation plus diffuse (qui n'exclut pas la formation
spécialisée) alors on supprime une fonction qu'ont nos hôpitaux
à contribuer à une formation intéressante, sans être
hyper-pointue. Ces gens peuvent retourner et travailler dans leur pays.
Ca s'est déjà fait.
Vous m'avez repris sur le diplôme PAC qui serait un examen intelligent
car il tiendrait compte des services rendus. Je peux vous dire non moi
aussi. Ce n'est pas vrai qu'il y a une véritable épreuve
demandant réellement aux médecins qui ont employé
ces médecins étrangers ce qu'ils en pensent, comment ils
travaillent. D'ailleurs, je vous prie de m'excuser, mais vous vous êtes
contredite vous même, car vous avez dit que en chirurgie on sait
pas s'ils savent opérer. Mais c'est valable dans toutes les
disciplines. Si on veut le savoir ce n'est sûrement pas en leur faisant
passer les épreuves telles qu'elle étaient prévues
par le PAC mais en développant une véritable épreuve
qui engage la personne (pas la lettre de recommandation "je vous recommande
mon collaborateur qui fait les gardes à ma place", ça non)
qui déclare quelles sont les compétences professionnelles
réelles dans l'exercice de son collaborateur. Ca serait une épreuve
intelligente qui engagerait presque pénalement la personne qui fait
ce compte-rendu. Et si plusieurs médecins qui ont travaillé
confirment que la personne est compétente, ca vaut largement tous
les examens du monde. PAC n'en tient pas compte. Mais vous avez donné
une bonne nouvelle, c'est pourquoi je veux qu'elle soit réaffirmé
haut et fort - l'intention de faire abroger les limites de PAC.
Ensuite nous m'avez repris, et vous avez raison, à propos de
mes simplifications concernant Pithiviers. J'estime qu'il est anormale
de mélanger tous les problèmes en même temps. 180 000
médecins, quelle catastrophe, plus il y a de médecins plus
on va mal, les dépenses de santé qui croissent, trop de lits
hospitaliers, et le numerus clausus. Justement, il faut se poser la question
que le numerus clausus, qui dès le début espérait
régler ce problème de dépenses de santé, n'y
est pas parvenu. D'autre part s'est montré inadapté dans
la répartition des médecins. Qui est-ce qui a permis de le
rendre pas si inadapté pour que les médecins soit là
où on a besoin d'eux (les disciplines qui ne sont pas de pointe
: la gérontologie, la psychiatrie, etc...) - c'est grâce à
ce recrutement des médecins [à diplôme étranger]
qui ont empêché que le numerus clausus ne soit plus catastrophique.
Ça doit être porté au crédit des médecins
à diplôme étranger, à la façon positive
dont ça s'est passé depuis des années. Quand vous
dites, et je reconnais votre position est difficile, que les gouvernements
précédents ne l'avaient pas envisagé... Oui,
mais cependant avant le gouvernement précédent il y avait
un ancien gouvernement précédent qui a présenté
un certain ministre de la santé.... Nous sommes bien d'accord.
Mme BENAYOUN-NAKACHE, députée de Haute-Garonne :
Merci de me donner la parole. Bonjour Mesdames et Messieurs. Avant d'être député j'ai travaillé dans les hôpitaux de Toulouse et j'ai été confronté aux personnes qui subissaient les mêmes problèmes que vous subissez en ce moment. C'est pour témoigner mon soutien à votre mouvement que je suis là aujourd'hui, pour essayer de faire remonter le problème. Mais je vois qu'il y a d'autres parlementaires qui sont dans la salle qui peuvent aussi témoigner de leur soutien. Puisque je fais partie de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales j'essaierais de faire remonter votre détermination, d'avoir une proposition qui est proposition de loi actuellement mais qui pourrait devenir un projet de loi puis une loi tout court.
Mr Claude PIGEMENT, délégué national au PS pour les professions de santé :
Merci de votre invitation. Je suis impressionné par le nombre
de personnes qui sont venues un jeudi matin au colloque. Ca montre l'intérêt
et la difficulté de ce problème. Je voudrais réagir
sur deux trois points et d'abord dire que je rejoins sur énormément
de points Florence Veber, par rapport à son analyse et dire en quoi,
nous PS, on peut, peut-être, amener une réflexion complémentaire.
Sur le problème de l'examen de PAC. Je vois que vous le critiquez
mais il a au moins le mérite d'exister et je crois que de ce point
de vue là il permettra de réguler les flux à travers
le 8 000 candidats au départ (si j'ai bien compris). Actuellement
on est à 3 165 d'admis au PAC. S'il y a deux sessions ça
permettra quand même de valider au niveau du PAC énormément
de médecins à diplôme étranger. Certes, je sais
que vous critiquez cette modalité mais elle existe et au moins jouons
le jeu. D'autant plus que les critères ont été assouplies
par le gouvernement actuel, il faut le reconnaître. Ca permettra
à une majorité de ces médecins d'être reçus
au PAC.
Il y a trois problèmes devant nous à identifier et résoudre.
Autant les mettre sur la table entre nous. Le premier est le statut des
PAC. Le deuxième les passerelles vers le PH. Et le troisième
est l'exercice en médecine de ville.
Sur le problème des statuts des PAC. J'ai entendu Florence Veber
qui parlait de revalorisation des rémunérations. Ca me paraît
tout à fait naturel qu'on voit la différence entre les premiers
échelons de PH et premiers niveaux de PAC mais il y a un effort
à faire. Je ne suis pas le ministre du budget ni de finances mais
de ce point de vue là l'annonce me paraît positive. Deuxièmement,
actuellement le statut de PAC est de 3 ans renouvelables. Pourquoi ne pas
faire un statut de 5 ans renouvelables. Ca existe bien pour les chefs de
service, pourquoi pas pour les PAC. Déjà, avec 5 ans renouvelables
cela donnerait une plus grande sécurité, plus grande stabilité,
plus grande lisibilité.
Ensuite, [...] au niveau gynécologie, psychiatrie, chirurgie
on manque de PH donc pour tout le monde, tout diplôme confondu, il
faut avoir une approche en terme de sous-médicalisation des régions
et des spécialités. Il y a aucun intérêt de
créer les postes là où c'est surmédicalisé.
Que ca soit la CNAM que ça soit ici, ayons cette même logique
par rapport à un rééquilibrage, une harmonisation
au niveau des fonctions hospitalières.
Dernier point sur la médecine de ville. Je dirait qu'il y a
là le débat sur le nombre d'années pour pouvoir pratiquer
en ville, puisque c'est un débat que vous avez ouvert. Le même
problème doit se poser par rapport aux régions sous-médicalisées,
par rapport aux spécialités où la médecine
générale sous-médicalisés de manière
a rééquilibrer la démographie. On ne peut pas ouvrir
les vannes de manière globale, vous le savez bien, car ce serait
ridicule de surmédicaliser le problème, mais le problème
de démographie n'est pas uniquement un problème quantitatif,
on sait bien que c'est un problème géographique.
Voilà les quelques remarques que je voulais faire aujourd'hui.
Je suis très sensible à l'importance de cette réunion.
S'il y a une proposition concrète, c'est déjà le passage
des PAC de 3 à 5 ans, cela serait une première mesure, peut
être insuffisante, mais une mesure. Je vous remercie.
Jean François MOREAU, Hôpital Necker :
D'abord je ne représente que moi même. Et étant
hospitalo-universitaire je recrute des gens pour remplir des postes et
je forme les gens de tous horizons. Quand on recrute les étrangers
je situe le problème sur 4 secteurs. Premièrement, il y a
un problème médical, deuxièmement un problème
humain, troisièmement un problème politique et quatrièmement
le problème juridique.
Le but étant d'incorporer dans une équipe où dans
une filière de formation des gens qui auront les esprits positifs
et non pas des esprits négatifs.
Sur le plan médical nous cherchons à avoir de bons docteurs.
Il y a quatre types de personnes, qu'ils soit français où
étrangers. Il y a des bons docteurs formés dans des bonnes
universités qui ne posent aucun problème. Deuxièmement,
il y a des bons docteurs formés dans des mauvaises universités
et qui ne posent aucun problème. Simplement, quelquefois on met
un peu plus de temps à les identifier. Je vous rappelle qu'actuellement
le meilleur chairman américain en radiologie est un algérien.
[applaudissements] Troisièmement, il y a des mauvais médecins
formés dans des mauvaises universités. A ceux là on
donne une chance, ou deux mais pas cinquante. Et puis il y a de mauvais
médecins formés dans des mauvaises universités et
qui doivent être rejetés.
Le problème humain est qu'on voit plusieurs types de personnes
mais il y a deux qui sont particulièrement pénibles quand
on estime ses collaborateurs et quand on estime ses élèves.
Le premier c'est que vous voyez les gens qui sont respectables, qui ont
les familles françaises respectables, des enfants respectables et
qu'on humilie de façon ignoble. Ca doit cesser. Puis, à l'inverse,
il y a des gens empoisonnants qui accumulent la médiocrité
médicale voire l'insuffisance voire la nullité médicale
à des positions sociales qui les conduisent à se faire rejeter
en bloc ou une quasi totalité de la communauté dans laquelle
ils vivent depuis longtemps. Ceux là ont aucune raison de rester,
je pense qu'il faut les exclure.
Parmi les problèmes politiques il y en a un que vous avez largement
évoqués qu'est la pléthore médicale (on peut
discuter des siècles là dessus) et puis il y en a un autre
qui est le rejet par la collectivité d'un certain nombre de gens
pour les raison racistes. Je l'ai vu personnellement à plusieurs
reprises, c'est inadmissible, c'est scandaleux. Mais en tolérant
ou en favorisant l'irruption des gens qui sont les gens négatifs
on précipite une partie de la France vers les rejets collectifs,
globaux, qui ne rendent pas service à la cause des gens qui sont
ici et qui veulent la régularisation normale de leur statut. Personnellement
je ne vois pas l'intérêt d'avoir de façon systématique
une espèce de position d'un idéalisme confus qui pose le
problème de la formation de certains dans certains endroits avec
une certaine philosophie qui ne sont pas compatibles avec l'impératif
de la laïcité qui pour moi reste le fondement de la société
publique. Jusqu'à présent les étrangers se situent
dans la structure publique. Personnellement je ne vois aucun inconvénient
à ce que les étrangers ou les français ou les étrangers
devenus français exercent en public ou en privé. Ca m'est
égale puisque nous sommes formateurs et nous formons les gens qui
exerceront dans la liberté. A partir du moment où ils sont
consacrés, considérés compétents, exercer en
France ou dans leur pays natal ou dans un autre pays. Un pays tiers, il
y a des égyptiens qui travaillent en Arabie Saoudite etc. Enfermer
la France dans le carcan de la francophonie n'est pas non plus un grand
service à notre cause, quand on arrive à ultra-intégrisme.
Il y a un problème juridique, pour lequel je n'ai aucune compétence,
qui manifestement est kafkaïen dans certaines situations, et personnellement
en tant que chef de service avec des responsabilités universitaires
de formation, je pense qu'il faut sortir de cette absurdité effarante
qui conduit en fait de mal considérer la France, qui avait un à
priori favorable, et qui se comporte de façon beaucoup moins intéressante
sur le plan de la formation et de l'incorporation des étrangers
dans le système français qu'on ne le trouve aux Etats-Unis,
où, je vous le rappelle, malgré tout : 1 - il y a des examens,
2 - c'est pas facile d'y entrer (tant qu'on est bon ça pose pas
de problème) et que de toute façon l'immense majorité
des gens qui émigrent aux USA vont dans le Visconsin ou dans le
Montana où il fait très froid, où il y a personne,
où aucun américain ne veut aller.
Excusez moi, j'ai été très long.
Mr Cyril WOLMARK, membre de la Commission pour l'égalité des droits de tous les médecins exerçant en France et du GISTI
Je veux revenir sur deux points. Tout d'abord Mr Moreau a dit qu'il
y avait de mauvais médecins qui ne pouvaient pas s'intégrer
et que ceux là il faut les exclure, je crois que les statuts dans
lesquels étaient les médecins à diplôme étranger,
qui sont les statuts précaires, faisaient que les chefs de service
et les directeurs d'hôpitaux excluaient ces médecins. Et que
les médecins qui sont encore là ont prouvé au jour
le jour et au quotidien leur compétences.
Ensuite je voulais poser la question à Mme la conseillère
technique, car elle a dit que après un certain temps dans le statut
de PAC, les "pacqués" pourraient aboutir au plein exercice au sens
de la loi 1972. Si je comprend bien, la loi 72 ne donne l'exercice que
en médecine générale. En effet. Donc les médecins
qui vont passer après le PAC un certain nombre d'années en
exercice [de spécialité] auront le plein exercice réservé
à la médecine générale ou en spécialité
?
Dr MESOUANE, exerçant en France depuis une quinzaine d'années :
Je voudrais dire que le problème des médecins à
diplôme étranger n'est pas un problème de compétences.
Nous en avons discutés ce matin. Ce n'est pas un problème
de démographie médicale parce que nous représentons
à peine 5% des médecins. La question est surtout d'ordre
financier et d'ordre corporatiste.
Donc, est-ce que l'état doit sacrifier des droits fondamentaux
de l'homme et de citoyen pour palier à des exigences financières
et corporatistes. Nous devons tous le dénoncer et nous le ferons
tout le temps, jusqu'à ce que le dernier d'entre nous puisse avoir
son autorisation d'exercice.
Le deuxième point est une question que je pose au juristes.
Il y a une jurisprudence en Conseil d'état du 24/7/1981, qui concerne
un allemand titulaire d'un diplôme hongrois. Cet allemand a exercé
en Allemagne durant 3 ans et plus et un jour il est venu s'installer en
France. On lui a dit : "vous êtes le citoyen de l'Europe mais votre
diplôme est hongrois, donc vous n'exercez pas en France". Cet homme
a attaqué en Conseil d'état et il a gagné. Qu'est-ce
qu'a dit le Conseil d'état ? Trois années d'exercice
en Allemagne font valoir sa compétence et donc, il a été
autorisé d'exercer en France. Qu'est-ce que les juristes pensent
de cela.
Mr Benoit MEUNIER, Parti Communiste Français
Je voulais rappeler la position du PC sur cette question. Et revenir
sur le statut de réfugiés.
Les trois points sur la position du PCF. Il nous parait indispensable
d'appliquer le principe "qu'au travail égal correspond un salaire
et un statut égal", ce qui n'est pas le cas de la situation actuelle,
mais je ne suis pas sûr que les propositions qui nous sont faites
ou les textes que nous aurons à discuter répondent à
ce principe. Deuxièmement, à ceux qui nous disent que intégrer
les médecins à diplôme étranger cela créerait
une inégalité avec les français qui ont du subir le
numerus clausus. L'existence même des postes vacants montre bien
qu'il y a un problème avec le numerus clausus. Donc, au moins la
décision annoncée de relever le numerus clausus il faudrait
l'accélérer. Et en attendant il est claire qu'il y a besoin
d'intégrer les médecins exerçant actuellement. En
fait il me semble que le vrai problème est celui posé par
l'objectif de maîtrise des dépenses de santé. Il nous
parait pas un hasard si la situation, la présence, le nombre des
médecins à diplôme étranger est particulièrement
forte dans les maternités et les urgences. C'est à la fois
problème des conditions de travail qui sont les plus dures mais
aussi c'est depuis plusieurs années c'est sur ces deux types de
services que portent les premières attaques pour les fermetures.
Les maternités et les urgences ont une très forte valeur
symbolique de l'accès aux soins et à l'hôpital. La
référence qui vient d'être faite par le représentant
du PS Gilles Joinet me pose problème. Une semaine après sa
nomination au poste du Directeur général de la CNAM, il a
affirmé que son objectif (je ne dis pas que c'est l'objectif du
gouvernement mais cela mériterait un démenti) était
de réaliser 100 milliards d'économies dans l'Assurance maladie.
J'en vient au dernier point. Dans ce cadre de la maîtrise des
dépenses il y a un problème général du niveau
des dépenses d'Assurance maladie. L'enveloppe telle qu'elle est
instaurée, votée chaque année en application des ordonnances
du plan Juppé, l'enveloppe proposée cette année nous
parait insuffisante, ce qui a justifié le fait que les parlementaires
communistes n'ont pas votés en deuxième lecture le projet
de loi de la Sécurité sociale.
Je voulais faire enfin la remarque sur le problème des réfugiés.
Là encore, c'est dans l'actualité. Les particularités
et les spécificités françaises concernant le problème
des réfugiés sont en train d'être mises en cause. Je
fais référence à la ratification du Traité
d'Amsterdam.
Dr ETTAHIRI, président du Comité de médecins à diplôme étranger :
Je voudrais réagir sur l'intervention de Mme Veber parce que aujourd'hui je m'attendait à un projet de loi, pas les grandes axes. Les grandes axes on les connaissaient depuis l'année dernière. Depuis l'année dernière on s'attendait que le débat aura lieu à l'Assemblée Nationale en mars-avril. Ce débat n'a pas eu lieu. Au mois de novembre, il n'a pas eu lieu. Actuellement il n'a pas lieu et on n'a pas de texte précis sur le projet de loi. Deuxième chose. On a constaté, et j'espère que ce projet de loi n'est pas encore établi, que les médecins à diplôme étranger, leurs associations et leur syndicats, ne sont pas associés à l'élaboration de ces textes. Parce que on a pu constater, comme Mme Danièlle Lochak l'a dit tout à l'heure, toujours les textes concernant les étrangers sont élaborés sans leur participation. Ca ne peut pas continuer. J'était surpris, Mme Lochak a fait un bon article sur la Circulaire de Mme Veil, qui incite les préfets à refuser toutes les demandes de naturalisation émanant des médecins étrangers et cela c'est scandaleux. Il faut que ça cesse. Actuellement, concernant le PAC, et je vais être bref parce que je sais qu'il y a d'autres gens qui vont prendre la parole, les textes sont appliqués différemment d'une DRASS à l'autre. Par exemple il y a des gens où le ministère a dit qu'ils remplissent les conditions et les DRASS ont jugé qu'ils ne remplissent pas les conditions pour se présenter. Vous le savez mieux que tout le monde. Il y a 3 DRASS en France qui font du zèle, et je ne vais pas les citer. Je vais citer celle de la Lorraine qui ce mois-ci a exclu les candidats admis au PAC des urgences parce que [..] a jugé qu'ils n'ont pas droit de exercer dans le service d'accueil d'urgence. Deuxième chose concernant les résultats des PAC. C'est vrai il y a 3 165 admis mais dans les 3 165 admis il y a 600 qui on épuisé leur droit de concourir. Pourquoi ? Et Mr Ferrey l'a rappelé tout à l'heure, non pas à cause de l'épreuve théorique et pratique, mais parce qu'on a noté les services rendus de 0 à 20. Est-ce que 3 ans d'exercice à l'hôpital ça mérite 0/20 ? Huit ans d'exercice 0/20. C'est pas normal. Donc, les services rendus. Et titres et travaux : est-ce qu'on peut demander à un FFI de faire des publications ? C'est pas possible, il n'est pas dans les conditions. Il y a actuellement les gens, ils sont dans la salle, qui sont admis au PAC et qui sont à ANPE. Pas de postes. Les créations de postes, il y a 1 900 postes créés. Les gens ne savent pas où ils sont créés et on leur répond qu'ils sont pourvus. Le même problème existe chez les PH. Dernière chose. Beaucoup d'hôpitaux ont établi des contrats type pour recruter des PAC. On a demandé au PAC qui font des gardes opérationnelles, qui doivent leur être payées 1487 F, qu'on les paye à 700F par garde de 24h. Pourquoi ? On estime dans CMDE que c'est parce que les PAC ne sont pas électeurs dans les CME, il ne sont pas éligibles dans l'Ordre des médecins et cela n'est pas normale. CMDE juge que trois ans après l'application de loi PAC le bilan est globalement négatif.
Dr BENYAMINA, membre du bureau METEK
Je voudrais revenir sur l'Europe. Je trouve que l'Europe est un élément
pertinent qui mérite qu'on y revienne un peu plus dans la mesure
où dans ces murs même actuellement est en train d'être
discutée la ratification du Traité d'Amsterdam qui va à
mon sens modifier le quotidien de tous les citoyens français y compris
les étrangers. Car je fais la différence entre la citoyenneté
et la nationalité.
Actuellement, en 1998, il n'y a pas 180 000 médecins exerçant
en France. Il y a tous les médecins qui se trouvent dans l'espace
européen. Cela veut dire que les arguments qui nous sont toujours
opposés, à savoir qu'il y a une pléthore de médecins
en France, est un argument qui ne peut pas tenir le coup. Que demain un
italien se décide de s'installer en France il aura l'aval de la
tutelle au bout d'une semaine. Ceci fait voler en éclat la notion
du numerus clausus, la notion du concours d'internat qui nous est opposé
et aussi la question des dépenses budgétaires, tout ce qui
nous est opposé à nous qui sommes ici, dans le système
de santé public français depuis des années, et à
qui on applique un sorte de régime particulier. Je souhaiterais
qu'on n'oublie pas que dans les années qui viennent la notion du
médecin français à diplôme français n'existerai
plus et donc tous ces arguments ne tiennent plus la route.
reponses de Mme VEBER
l y a beaucoup de questions. Je vais déjà répondre
aux propositions de la commission telles que je les ai compris et entendues.
Vous avez donné deux sujets, la sécurité sanitaire
et la non discrimination. Sur la non discrimination vous avez dit il y
a problème des salaires. Encore une fois, nous envoyons en Conseil
d'état un texte qui fait en sorte que personne, en prenant le poste
de PAC , ne perde de l'argent, quelque soit ce qu'il a fait auparavant.
I compris les reprises de l'ancienneté. C'est ça ce que ça
veut dire. Nous sommes d'accord en tout cas, qu'on puisse tenir compte
du passé.
Le meilleur moyen pour ne pas faire de discrimination est d'abroger
les statuts spéciaux. C'est effectivement ce que je vous ai dit.
Et le seul moyen d'abroger le statut spécial de PAC c'est lui donner
la plénitude d'exercice. Il n'y a que comme ça qu'on remet
un PAC dans la normalité de tout le monde, du diplôme français.
On peut aller plus loin, on peut en discuter. On peut se demander si au
fond il ne faut pas tout simplement limiter le PAC. Le PAC n'a pas lieu
de se poursuivre, on doit pas rester dans un statut de PAC si ce statut
et discriminatoire. Je répond là à une autre question
de calendrier. Le projet de loi qui est intégré dans le DMOSS
est prévu au printemps 1999, donc bientôt.
En ce qui concerne l'inscription au tableau de l'Ordre des médecins.
Elle pose deux questions. D'abord de savoir la responsabilité dans
le cadre hospitalier il y a les statuts différents. Un interne en
formation n'est pas inscrit à l'ordre des médecins. Il est
sous la responsabilité d'un chef de service. Les statuts d'associé
(je sais que dans la pratique ce n'est pas toujours comme ça) tel
que c'est écrit dans les textes il met sous la responsabilité
des chefs des services. Il n'est pas forcément choquant que les
associés ne sont pas inscrits à l'Ordre. C'est un premier
sujet. Et encore une fois, en tout cas dans le dispositif que je vous ai
présenté, je pense qu'il faut plutôt garder pour des
gens à qui on permettra de travailler en France un statut d'associé
pendant un temps déterminé, tout ça étant inscrit
dans la loi, pour une période proposée de 3 ans avant d'avoir
une plénitude d'exercice. Donc, il n'est pas prévu pour l'instant
de supprimer les statuts des associés. Par ailleurs nous avons été
très prudents en proposant dans le projet de loi de décaler
la date qui fait peur à un certain nombre d'entre vous, et à
juste titre, qui avait été instaurée d'octobre 1999.
Nous avons conscience que nous ne pouvons pas dans un délai aussi
court trouver des solutions acceptables pour tout le monde et qu'il faut
bien offrir une modalité revue des concours de PAC et la possibilité
pour ceux qui on échoué de passer le CSCT. Donc, j'ai avancé
la date de 2001.
La commission demande des mesures d'urgence. Je crois pas qu'il y a
beaucoup de gouvernements qui ont pris dans l'espace de deux ans 3 mesures
d'urgence. Une modification du décret en 7/97, une circulaire le
17/10/98, une nouvelle circulaire en août dernier, pour essayer justement
de répondre aux situations humainement difficiles que nous connaissons
et que certains d'entre vous vivent, aider à leur solutions dans
la limite de la loi.
Quand au renouvellement des cartes de séjour. Bien évidemment
il ne dépend pas directement du Ministère de la Santé.
Nous avons un travail conjoint avec le Ministère de l'Intérieur
à ce sujet et actuellement est en cours de préparation
une circulaire pour faire en sorte qu'il y a une adéquation entre
ce que veut faire la Santé, donc avancer vers un projet de loi et
vers des échéances raisonnables et la position de l'obtention
des cartes de séjour intérimaires. Ceci devrait se régler.
Pour la "circulaire Veil" qui a été évoquée
à plusieurs reprises, qui au fond dit "parce que vous êtes
médecin vous ne pouvez pas acquérir la nationalité
française", écoutez je crois vraiment que aujourd'hui elle
n'est pas appliquée ... [réaction de la salle] ... et on
est en train de réfléchir à ce qu'on pourra faire
[réaction de la salle] pour voir s'il y a lieu ou pas de retirer
cette circulaire [indignation de la salle].
La sécurité sanitaire - on revient sans cesse au problème
de la reconnaissance de la compétence que tout le monde évoque
d'une manière ou d'une autre. Bien sur, ça serait formidable
si dans ce pays ... formidable, j'en sais rien, en tout cas c'est pas notre
culture., si pour l'ensemble des examens que nous passons tous à
certains moments donnés, on ne fait pas des examens écrits
mais on fait des entretiens très performants, ça a été
évoqué, on imagine les agrégés de philo qui
seraient recrutés et validés sur entretien, on imagine l'entrée
en université sur entretien, un moment donné on a parlé
de remplacer le concours de PCEM1 par un entretien individuel, etc. Tout
ça, bien sûr c'est intéressant comme démarche
et je ne dit pas qu'il faut y travailler, mais la culture de notre pays,
la réalité de notre pays, bien au-delà de la médecine,
est que les étapes successives sont toujours validées par
les examens écrits. Donc, on peut le changer mais c'est difficile
et cela ne concerne pas seulement la médecine et je ne crois pas
que la médecine évoluera de façon dissociée
des autres problématiques qui concernent la faculté.
Alors je voudrais simplement dire, pour préciser des points
qui ont été évoqués, le diplôme équivalent,
qui est reconnu par l'éducation nationale est effectivement simplement,
et probablement le terme est mal choisi je le reconnais, ça veut
simplement dire quoi ? Que l'éducation nationale vérifie
que dans le pays la formation de médecine a six ans. A l'heure actuelle
quelques pays au monde ne forment pas leur médecins en six ans.
C'est essentiellement certains états proches d'ancien Union soviétique,
comme certain états d'ex-Yougoslavie, qui formaient leur médecins
en cinq ans et la Corée du Nord. Tous les autres pays forment leur
médecins en six ans. Donc, il n'y a pas de reconnaissance scientifique,
il y a la reconnaissance du nombre d'années de formation qui ont
été faits pour obtenir le diplôme de médecin
[protestations dans la salle]. Je vous dis ce que c'est. Bon.
Alors, deuxième sujet, la question des postes vacants, la question
de la démographie, que Joëlle tu a repris également
et je me suis mal exprimé, je ne crois vraiment pas que la question
des postes vacants dans notre pays, en moyenne entre 5 et 15% selon les
spécialités et les régions, n'est pas un problème
du numerus clausus. C'est claire. Nous pouvons très bien, et c'est
vrai que c'est pas du tout le sujet si nous avons 180 000 médecins
ou 187 000 médecins - c'est pas du tout le sujet. Le sujet est que
nous ne savons pas ou nous n'avons pas su faire jusqu'à maintenant,
qu'avec ce nombre de médecins, largement suffisant dans notre pays,
nous pouvons faire fonctionner des hôpitaux que nous estimons nécessaires
de faire fonctionner. Donc, il ne faut pas mélanger les choses.
C'est pas la question d'avoir 7 000 médecins de plus, le sujet n'est
pas là, c'est la question de laisser croire qu'il faut absolument
de ces médecins [à diplôme étranger] pour des
postes vacants. C'est pas ça le sujet. On a suffisamment de médecins
mais il faut simplement qu'on arrive à travailler différemment
et à rendre attractif l'hôpital et, encore une fois, à
recomposer notre tissu hospitalier.
En ce qui concerne les grilles de PAC. Je sais qu'il y a inégalités
dans les grilles. Le principe en France est qu'un jury est souverain. Il
l'est autant pour les concours de PH que pour le concours de PAC. Ceci
dit nous nous sommes engagés pour les épreuves de janvier
d'avoir une grille qui valorise plus que certains ne le font les services
rendus. Cette grille sera proposé par le gouvernement mais le jury
est souverain pour l'accepter ou pas. Quant au problème de savoir
où sont les postes vacants il y a des postes qui sont publiés
dans le régions par le système Minitel qui est en place.
Je vais pas rentrer trop dans les détails.
J'espère donc avoir à peu près répondu
aux questions ..... Oui l'Europe, pardon, très important.
Je voulais en parler au sujet d'inscription à l'Ordre. C'est le
problème de l'Europe et de la directive de 1993. La position européenne
est en fait assez ambiguë. D'un côté on a une directive
qui s'impose à nous et qui est extrêmement stricte et sévère
sur les équivalences qui nous pose des problèmes à
l'intérieur de l'Europe, à l'intérieur de la France.
Je vous rappelle le problème du généraliste qui est
PH de psychiatrie et qui n'a pas par la directive européenne sa
reconnaissance de psychiatrie parce que il n'a pas fait ses trois ans de
la psychiatrie ou ses 4 ans de DES de psychiatrie. Donc, à la fois
on a la directive européenne pour faciliter la circulation des médecins
dans l'Europe et c'est un choix politique. On peut le critiquer. Vous dites
que le diplôme italien n'est probablement pas différent du
diplôme tunisien, mais nous avons fait l'Europe avec l'Italie et
pas avec la Tunisie. Il y a une circulation en Europe avec la volonté
d'harmoniser les diplômes. [...] on a essayé d'écrire
noir sur blanc ce qui fallait et c'est devenu ce qu'on appelle le "nouveau
régime", les critères du "nouveau régime". Et qu'est
ce qu'on fait avec tous les gens déjà à l'intérieur
de l'Europe qui sortent de ce régime. C'est difficile. Il faudra
probablement revoir au niveau de l'Europe ces critères. Mais la
France ne peut pas fonctionner seule. Heureusement qu'on nous a laissé
au moins la loi de 1972. Mais la loi 72 donne la possibilité de
travailler à plénitude d'exercice égale ville et hôpital
qu'aux généralistes. Mais elle n'empêche absolument
pas à l'hôpital de travailler comme spécialiste, je
pense à la question que vous me posiez, mais elle n'autorise effectivement
pas, sauf qu'à ce que l'état prenne lui-même en charge
la possibilité de reconnaître la spécialité
se que nous voulons faire à la suite du travail qui a été
fait avec le Conseil d'état comme je vous l'ai expliqué tout
à l'heure, ça prendra un certain temps, il faut en avoir,
conscience, pas à cause des problèmes de ce gouvernement
mais à cause de la directive européenne, qui va obligatoirement
mettre son nez dedans et va nous poser des questions par rapport à
l'égalité des diplômes. Mais aujourd'hui la loi 72
offre la plénitude d'exercice au sens de la médecine générale
ou au sens de l'ancien diplôme. Moi aussi j'ai aussi un ancien diplôme
et donc je ne peux travailler que comme médecin généraliste,
en dehors de la spécialité qui est reconnue par un autre
système. Donc au sens de tous les anciens diplômes.
Mais ça n'empêche pas de travailler comme spécialiste
à l'hôpital. Il nous faudra une autre séance pour travailler
plus à fond l'Europe.
Dr Joëlle BRUNERIE-KAUFFMANN pour clore le débat :
Comme vient de le dire Florence Veber la Commission n'arrête pas
son travail. Il faut que vous nous écriviez, vous veniez nous voir,
que vous fassiez remonter vos dossiers. On ne lâche pas le sujet
aujourd'hui. Je crois qu'on a bien avancé ce matin. On pourra collaborer
encore mieux qu'avant. Nous allons laisser la parole à nos derniers
intervenants car nous devons quitter la salle.