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A propos de la situation des médecins réfugiés politiques
  Par Mme le Dr Claire Harsfeld, AMPSRF.

 Il ne s'agit bien entendu pas d'opposer des différents groupes au sein de l'ensemble des médecins à diplôme étranger. Les médecins réfugiés et exilés exercent leur profession dans les hôpitaux français à côté des autres médecins à diplôme étranger; ils souffrent de la même précarité, de la même sous valorisation de leur travail et de la même absence de perspectives professionnelles.
 Cependant, ils méritent une attention particulière. En effet, on ne s'exile pas de gaîté de coeur, on ne coupe pas ses racines sans raison impérieuse. Pourquoi sont ils venus en France ?  Parce que menacés dans leur pays ils ont espéré trouver ici une terre d'asile, le pays qui a proclamé des Droits de l'Homme et qui pourrait s'honorer à les respecter. Cette confiance doit être honoré.
 Parlons d'abord des réfugiés dits réfugiés politiques, reconnus par l'Office Française de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA). En les reconnaissant réfugiés la France contracte à leur égard des devoirs qui sont définis par la Convention de Genève de 28/7/1951, convention internationale, ratifiée par la France. Que dit cette convention en matière professionnelle ?
 - Concernant les professions libérales elle spécifie que le réfugié, titulaire du diplôme reconnu par les autorités compétentes du pays d'accueil doivent bénéficier d'un "traitement aussi favorable que possible" pour l'exercice de ces professions (art. 19-1).
 - Concernant les professions salariés elle demande aux états contractants d'assimiler des droits des réfugiés à ceux de leur nationaux (art. 17-3).

Inutile de vous dire que ces deux points ne sont pas respectés actuellement dans notre pays.

 En vertu de ces textes nous demandons que soit supprimés tous les obstacles à l'accès au plein exercice pour les médecins réfugiés ayant les compétences nécessaires.
 - Pour ceux dont le dossier est actuellement en attente au Ministère de la Santé dans le cadre de la loi du 13/7/1972 (qui est une bonne loi qu'il ne faut à mon avis pas abroger) : qu'ils soit autorisés d'exercer dès cette année (certains attendent depuis 10 ans, certain sont en France depuis 15 ans et plus); et ceci paraît correspondre aux veux du Secrétaire d'Etat à la Santé exprimés en juillet 1998 lorsque il est venu devant la commission du ministère qui est chargée d'examiner tous ces dossiers.
 - Nous demandons ensuite, pour ceux qui sont actuellement en France, et qui sont pas encore rentrés dans "la procédure de la loi 72", que leurs soit appliquées au plus vite les propositions que maître Griffet a schématisé tout à l'heure.
 - Enfin, pour les futurs arrivants, qu'ils soit intégrés rapidement dans la profession.

 Ces mesures ne seraient que justice. Il faut insister sur le point qu'ils ne porterait préjudice ni aux autres médecins à diplôme étranger ni aux médecins titulaire du diplôme d'état français; en effet, les médecins réfugiés demandant actuellement leur intégration dans la profession sont en fait assez peu nombreux, il est difficile de les chiffrer, peut être entre 50 et 100 aujourd'hui.
 Voyons maintenant la situation des exilés admis ou qui seront admis à l'asile territorial et pour lesquels la question se pose de façon différente, puisque ils ne relèvent pas de la Convention de Genève. Cependant, peut-on dire à ces médecins qui sont acceptés et accueillis en France : "vos compétences, vos expériences professionnelles sont nulles e non avenues dans ce pays" alors qu'on sait qu'elles sont souvent extrêmement solides ?  "Vos aspirations ne nous concernent pas". Ceci ne me paraît pas acceptable. Pour eux les mesures doivent être prises qui sont difficiles de préciser aujourd'hui parce que ce statut est encore à son début, afin qu'ils puissent exercer leur profession en France pendant au moins la duré de leur asile territorial et ceci dans les conditions honorables.
 Voilà ce que je voulais dire spécialement pour ce groupe de médecins.


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